Adhérente et engagée dans les instances de la mutuelle Mutami, Joëlle Pangrazi, infirmière psy à la retraite, combat aujourd’hui la privatisation de l’hôpital public dans le Gers.
Pourquoi la protection sociale est importante pour vous ?
Pour moi, tout réside dans le mot protection. De tout temps et plus encore aujourd’hui, alors que les maladies chroniques touchent une part de plus en plus importante de la population (1/3 des Français·es), personne n’est à l’abri d’une maladie grave, d’une hospitalisation de longue durée ou de soins nécessitant des frais non pris en charge par la Sécurité Sociale : la protection sociale et l’accès à une mutuelle sont essentiels pour vivre. Dans beaucoup de pays, il n’y a pas de protection sociale. Des personnes cherchent l’argent pour financer leur hospitalisation avant d’entamer des soins. Que se passe-t-il lorsqu’elles ne le trouvent pas ? Elles ne peuvent pas être soignées.
La protection sociale et le mouvement mutualiste sont un trésor que nous ont légué des luttes de longue date. S’engager avec Mutami et auprès de mes camarades de l’hôpital public est essentiel pour perpétuer l’histoire du mouvement et continuer à faciliter l’accès aux soins pour toutes et tous.
Comment avez-vous connu Mutami ?
Je suis adhérente depuis 2000. C’est un collègue qui m’en a parlé ; les valeurs et l’implication de la mutuelle sur le territoire ont fait écho à mes engagements personnels et professionnels. Au début, on m’a demandé de participer aux assemblées générales, une fois par an, à Toulouse, pour représenter les adhérent·es du Gers. Je m’implique car c’est important pour moi d’adhérer une mutuelle ouverte sur le monde et Mutami soutient des associations comme SOS MEDITERRANEE ou le Secours Populaire.
Aujourd’hui, quelles sont vos activités au sein de la mutuelle ?
J’ai toujours été syndiquée et je le suis encore. M’investir dans les instances de Mutami est une continuité. Je participe notamment au Comité Territorial du Gers, en tant qu’administratrice.
A quoi servent les comités territoriaux de la mutuelle ?
Un comité territorial (CT) sert à faire du lien entre les adhérent·es de Mutami. Il y en a un pour chaque département et tous les adhérent·es peuvent participer. Cela permet de transmettre à la mutuelle les problématiques spécifiques à chaque département, notamment celles concernant la santé et la protection sociale. En lien avec le conseil d’administration, les comités proposent des initiatives et des actions sur leurs territoires : actions revendicatives, politiques, de prévention, partenariat… C’est aussi dans les CT que l’on élit les représentant·es à l’Assemblée Générale.
Concrètement, comment les comités territoriaux agissent sur le territoire ?
Nous tentons de rassembler autour des lieux mutualistes (agences, centres de santé…). Leurs missions premières restent de permettre aux adhérent·es de bénéficier de soins aux tarifs limités et sans avoir à avancer de frais. Nous souhaitons en faire des lieux ressources pour des prestations santé mais aussi pour des questions de solidarité plus larges. Ateliers d’éducation à la santé, groupes de paroles d’aidants, accueil d’AMAP… Les initiatives et les possibilités sont nombreuses !
De quelle manière peuvent s’investir les adhérent·es ?
Tous les adhérent·es peuvent donner leur avis et porter les positions de la mutuelle ! Il suffit de participer aux activités organisées dans les lieux mutualistes. Ils peuvent également nous écrire pour assister à nos réunions.
En ce moment, sur quoi s’engage le comité territorial du Gers ?
Notre engagement actuel au sein du CT du Gers illustre bien les échanges entre les adhérent·es, qui font remonter des informations locales, et la mutuelle qui met à disposition des moyens pour répondre du mieux possible à ces problématiques.
Il y a quelques mois, j’ai été hospitalisée et l’hôpital m’a installée dans une chambre individuelle. J’ai reçu un SMS de la part du centre hospitalier d’Auch pour confirmer mon accord pour y résider. Je savais qu’une start-up, Happytal, était installée dans l’hôpital. Je voyais toujours leurs polos roses dans l’entrée. Je savais aussi que la start-up facturait les chambres individuelles aux mutuelles mais moi je ne voulais pas que ma mutuelle paie pour la chambre. C’est un soin décidé par l’hôpital et, dans ce cas, pris en charge par l’Assurance maladie.
Le problème est double. D’un côté, facturer une chambre individuelle est interdit dans les cas où l’hôpital ou un médecin décide de l’attribuer. D’un autre, le fait qu’une start-up augmente le prix des chambres (entre 31% et 78% selon les prestations) et touche une commission par nuitée questionne l’utilisation de nos cotisations mutualistes. Le principe même de cette cotisation, c’est de financer les soins, pas d’enrichir une start-up.
Qui sont les « polos roses » ?
Happytal est une entreprise privée créée en 2013, installée aujourd’hui dans plus de 100 établissements de santé. Elle vend aux patient·es des services, des « sourires » et un système de conciergerie. Tout ce que l’hôpital n’est plus en mesure de faire par manque de moyens ! Leurs salarié·es, vêtu·es de blouses roses, et leurs pratiques de démarchage et de facturation abusives ont déjà fait l’objet de plusieurs enquêtes médiatiques.
Comment Mutami vous aide dans la lutte contre Happytal ?
La mutuelle Mutami nous permet de nous coordonner avec d’autres acteurs et structures impactés par l’installation d’Happytal dans le centre hospitalier d’Auch. Avec Mutami, la CGT, le comité de défense de l’hôpital public et la MNH du Gers nous avons pu réfléchir aux moyens d’informer les patient·es et allons tenter de discuter avec la direction de l’hôpital. Nous sommes également soutenus par d’autres syndicats et la mutuelle Entrain. Le plus urgent aujourd’hui, c’est de stopper les abus de facturation constatés sur le terrain. Que la chambre soit complètement, partiellement ou pas du tout prise en charge par une complémentaire santé, à la fin, c’est toujours le malade qui paie.
Comment empêcher ces abus de facturation ?
Prendre connaissance du système et de son fonctionnement, c’est le début de toute action. Il faut informer les adhérent·es parce qu’il nous impacte directement. Nous devons être attentifs aux démarchages pendant les hospitalisations. D’autant que ce n’est pas un moment anodin émotionnellement, on est souvent stressé·e, angoissé·e ou très fatigué·e par les opérations. Si vous êtes hospitalisé·e, restez attentif aux sollicitations de l’hôpital ou d’Happytal. En cas de facturation non consentie ou abusive, nous sommes mobilisé·es pour mettre fin, a minima, aux abus de facturation effectués par la start-up. Nous avons besoin de témoignages écrits et signés avec les preuves de facturation.
Pour tout témoignage ou demande d’information, remplissez notre formulaire de contact en précisant l’objet de votre demande avec le mot-clé « Happytal ».