Les mutuelles comme Mutami s’inscrivent dans l’économie sociale et solidaire (ESS). Pourriez-vous nous en dire plus ?
En tant qu’acteur mutualiste, nous ne sommes pas un simple organisme de complémentaire santé. Nous couvrons évidemment les besoins en santé de nos adhérentes et adhérents. Mais cela va bien plus loin.
L’actualité nous le montre crûment aujourd’hui. Nous faisons face à de multiples crises. La guerre en Ukraine, le dérèglement climatique, la crise sanitaire, la casse de l’hôpital public sont autant de menaces et d’enjeux auxquels nous devons répondre.
C’est ce que nous faisons en tant que mutuelle. Être mutualiste, ce n’est pas se contenter de rembourser les dépenses de santé. Il faut être capable de proposer des solutions à différents niveaux, à la société tout entière.
Nous parlons souvent de nos valeurs, comme la solidarité universelle, l’entraide, le droit à la santé… Nous œuvrons chaque jour pour que chacun puisse avoir une meilleure vie. C’est exactement en cela que nous nous intégrons dans l’économie sociale et solidaire.
Aujourd’hui, nous avons un modèle mutualiste à défendre. Il nous appartient de faire connaître à la fois nos valeurs mais aussi nos spécificités. Trop de ce qui constitue notre ADN est peu ou mal connu du grand public. Notamment sur notre non-lucrativité, notre fonctionnement démocratique ou encore les obligations gouvernementales et européennes qui limitent sur notre marge de manœuvre.
Concrètement, comment cette appartenance à l’économie sociale et solidaire se traduit-elle ?
Notre appartenance à l’ESS nous semble tellement évidente que nous n’avons pas cherché à la prouver par le passé. Mais nous voyons bien que pour avancer et faire valoir les spécificités dont je parlais précédemment, il est désormais nécessaire de démontrer que nous rentrons bien dans le cadre de la loi relative à l’économie sociale et solidaire, plus connue sous le nom de loi Hamon de 2014. Et c’est là tout l’enjeu qui nous attend dans les prochains mois et années.
Quels sont les enjeux que vous identifiez ?
Depuis 2016, il existe un guide des bonnes pratiques à destination des entreprises de l’économie sociale et solidaire. Ce dernier s’articule autour de huit thématiques, telles que la gouvernance, la territorialité, la diversité, le développement durable, l’éthique et la déontologie…
Au sein de la mutuelle, nous avons mis en place une commission ESS. Elle est chargée de s’assurer que nos pratiques sont bien en accord avec ce guide. C’est un travail de longue haleine, puisqu’il y a énormément à faire et de nombreux volets à passer en revue.
À titre d’exemple, notre gouvernance est démocratique. Notre politique d’achat tend à favoriser des entreprises appartenant elles-mêmes à l’économie sociale et solidaire. En interne, la Mutuelle Solimut Centre Océan, avant sa fusion avec Mutami, a obtenu le label HappyIndex AtWork 2022, qui récompense les entreprises où les collaborateurs sont les plus engagés et motivés.
J’aimerais que nous ayons ce genre de démarches aujourd’hui aussi en cherchant à être labellisés sur les différentes thématiques identifiées par le guide des bonnes pratiques.
La commission ESS de Mutami s’attache aussi à proposer des actions citoyennes à destination du grand public. À terme, nous aimerions organiser des réunions thématiques en agence pour les redynamiser et les transformer en tiers lieux.
L’objectif de ces rendez-vous est de sensibiliser nos adhérents aux différents enjeux et de créer du lien. Il existe une commission similaire, nationale, au niveau de la fédération des mutuelles de France (FMF), à laquelle nous sommes adhérents. Nous aimerions produire un guide de l’ESS à destination de nos adhérents pour qu’ils comprennent mieux ce que nous entendons derrière le vocable de l’ESS, encore trop obscur pour le grand public.
À l’heure actuelle, l’Union européenne ne reconnait pas la non-lucrativité telle que nous l’entendons, et sa définition de la lucrativité limitée ne nous convient pas non plus. La commission nationale a donc pour objectif de faire reconnaître l’ESS au niveau de l’Union européenne, et trouver une définition juridique qui convienne à toutes les parties prenantes.
Le mois de novembre est dédié à l’ESS chaque année. Quelles actions Mutami a-t-elle prévu de mettre en place ?
Cette année, nous proposons une double-action de prévention dans notre agence de Brest le mercredi 16 novembre. Elle est à destination de nos adhérents et des citoyens. Il s’agit d’un atelier de sensibilisation à l’autopalpation du sein et d’un atelier de prévention des risques cardio-vasculaires.
Une réflexion est également engagée avec la Chambre Régionale de l’Économie Sociale et Solidaire Occitanie (CRESS) afin de prévoir un évènement à Toulouse.
L’année prochaine, j’aimerais que nous multipliions ce genre d’actions sur tous les territoires où nous sommes implantés pendant la période du mois de novembre. Il est important de faire vivre nos valeurs, en particulier la proximité, en pérennisant et développant des partenariats locaux pour mettre en commun nos savoir-faire et faire office de caisse de résonnance. À l’image de ce que nous faisons déjà sur l’année, notamment avec SOS MEDITERRANEE, le Secours populaire ou des associations très locales, comme La Plume, à Brest, qui accompagne des personnes dans leurs démarches administratives.